100 % Winnicott

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100 % WINNICOTT

Anne Lefèvre

Editions Eyrolles

 

 

 

Le psychanalyste D. W. Winnicott s’est intéressé à la relation du nourrisson avec sa mère et son environnement.

Je m’inspire dans mon travail de la théorie du psychanalyste et pédiatre Donald Woods Winnicott qui a marqué sans conteste un tournant dans l’histoire de la psychologie infantile. Son expérience de praticien est une source d’enrichissement précieuse de la psychologie de l’enfant, et de son devenir. C’est lui qui, par exemple, est à l’origine de « la théorie du Doudou », objet privilégié qui représente à la fois la mère et l’enfant.

A la différence de Sigmund Freud, dont il considère les découvertes comme acquises, il s’intéresse au tout-petit dès sa naissance, dans la période de « maternage », durant laquelle la mère est totalement consacrée à lui. Il théorise l’existence d’un troisième espace intermédiaire entre le monde externe et le monde interne qu’il nomme « aire transitionnelle ». C’est une zone « tampon » à l’intérieur de laquelle l’enfant joue et découvre le monde. Il est autorisé à confondre rêve et réalité et il y exerce ses pulsions. L’existence de cette zone d’expérimentation est essentielle pour la santé de l’enfant ; elle se prolonge en espace de la culture chez l’adulte

Winnicott développera dès 1950 le concept de « mère suffisamment bonne » dotée de fonctions (tel que le « holding » ou «portage», qui est la manière dont l’enfant est tenu par sa mère autant d’un point de vue physique que psychique), le « handling » (la manipulation) et de qualités précises (continuité, fiabilité et stabilité).

La mère parfaite, pour ce psychanalyste c’est la mère « ordinaire  » ; c’est «la mère suffisamment bonne, la mère dévouée qui fait de son mieux, qui est capable d’avoir des défaillances et d’y remédier.»

Au début de la vie, son adaptation presque parfaite aux besoins de son nourrisson, engendre chez celui-ci un sentiment de toute-puissance comme si c’était lui qui créait le monde, comme si les objets qu’il trouvait par hasard étaient crées par lui. Winnicott invente le concept d » objet-crée-trouvé ».

La relation « mère/bébé » est déterminante pour la vie future de l’enfant, et son accomplissement, car c’est elle qui l’initie au monde extérieur. Elle est présente et le guide dans les différentes étapes d’apprentissage de son existence (la découverte du jeu, de l’objet, de la parole, etc.).

Pour autant, elle n’est pas la seule à jouer un rôle déterminant : Winnicott évoque également la place du père, en tant que protecteur de l’environnement et gardien du bien-être de la mère et de l’enfant.

Ainsi, comme le souligne l’auteur Anne Lefèvre, « Winnicott a su observer et théoriser le développement du tout petit enfant et en dégager des principes destinés à aider les parents à guider leur enfant sur la voie d’une autonomie saine, ou à identifier à temps les signes de difficulté. »

Au cours de cette période que Winnicott appelle « le pot au noir », l’adolescent retrouve son vécu de puissance/impuissance de bébé ; les problèmes non résolus se réactualisent. C’est une traversée difficile !

Les observations de Winnicott concernant le développement corrélatif du corps et du psychisme de l’enfant apportent par ailleurs, un éclairage intéressant pour la compréhension des accidents psycho-somatiques.

Ses élaborations concernant la différence entre fantasmer et rêver éclairent d’une lumière particulière ce quatrième espace qu’est le virtuel que découvrent, de nos jours, les adultes et les enfants.